“Un jour sur ses longs pieds allait, je ne sais où, le héron au long bec emmanché d’un long cou”…
Le héron décrit par Jean de La Fontaine évoque un grand héron, du type héron cendré.
Un nouvel arrivant, plus petit, le héron garde-bœufs, est devenu en quelques années le plus commun des hérons de Normandie, supplantant en effectifs les hérons cendrés et aigrettes garzettes : environ 1000 couples de hérons garde-bœufs contre 800 à 900 couples de hérons cendrés (données de 2021, Source : Groupe Ornithologique Normand).

Carte d’identité du héron garde-bœufs
D’aspect trapu, la tête rentrée dans les épaules, le héron garde-bœufs a l’air d’avoir froid !
C’est vrai qu’il est d’origine subtropicale : tout le monde connait la silhouette caractéristique de cet oiseau typique des savanes africaines, perché sur le dos de quelque buffle, connu par son surnom de « pique-bœufs ».
On reconnait le héron garde-bœufs à sa petite taille (environ 50 cm), à son bec jaune orangé épais, plus court que celui de la grande aigrette, un grand héron au bec jaune aussi, mais dont la taille dépasse celle du héron cendré.
Les adultes en plumage nuptial possèdent sur la tête une crête de plumes orangée, ainsi qu’une bande de plumes orange à saumon sur la poitrine et le dos.
Ce n’est pas le champion des chants mélodieux, ses croassements rauques sonores évoquant quelque dinosaure d’un autre âge.
Héron, héron…petits pas…tapons
Bien que le garde bœuf fréquente les zones humides comme ses cousins hérons, c’est un oiseau qui peut vivre dans des prairies sèches. Il apprécie en particulier les pâturages, mais attention pas n’importe lesquels !
Les ornithologues se sont aperçus que ces oiseaux se rencontraient de préférence au sein de troupeaux (bovins, chevaux) dont la vitesse de progression est relativement lente.
En effet, contrairement à une idée répandue, notre héron ne se nourrit pas uniquement sur les animaux. Il profite surtout du piétinement des troupeaux qui dérangent en broutant et se déplaçant une multitude de petits animaux. Ses chances de récupérer de la nourriture en sont accrues.

Il attrape ainsi des insectes (principalement criquets et sauterelles en été), des araignées, des vers, batraciens et petits mammifères. Il lui arrive cependant couramment d’aller débarrasser le pelage d’une vache ou d’un cheval de quelques « importuns ». Chacun y trouve ainsi son avantage.
A la conquête de nouveaux territoires…
Présent dans la péninsule ibérique depuis les années 1930, le héron garde-bœufs est arrivé en Camargue vers 1950.Son aire de répartition s’est ensuite rapidement étendue aux régions tempérées.
Différents facteurs expliquent l’expansion rapide du héron garde-bœufs : la protection de l’espèce autrefois chassée a permis une rapide croissance des populations, avec pour conséquence la recherche de nouveaux territoires.
La diminution de la fréquence annuelle des jours de gel permet sans nul doute une extension vers le nord de l’aire de répartition du héron garde-boeufs.
Les hérons nicheurs de Tombelaine
En baie du Mont-Saint-Michel, la principale colonie nicheuse de la baie se situe sur la réserve ornithologique de Tombelaine, îlot situé entre Genêts et le Mont-Saint-Michel.
Le héron garde-bœufs partage les arbres sur lesquels il niche avec une autre espèce de héron blanc, l’aigrette garzette. Cette dernière niche à Tombelaine depuis 1997, le garde-bœufs plus récemment dans les années 2010.
Lors d’une traversée de la baie, on aperçoit au printemps et en été ces colonies de hérons, spectres blancs perchés sur les sureaux de Tombelaine.

L’aigrette garzette…
L’autre « héron » nicheur de Tombelaine est l’aigrette garzette. Elle s’y reproduit et élève ses petits depuis 1997, avec une explosion des populations jusqu’à l’arrivée du héron garde-bœufs dans les années 2010 : plus de 200 couples nicheurs d’aigrettes garzettes ont été recensés sur le rocher de Tombelaine, principalement sur le côté nord, plus favorable au développement d’arbrisseaux (sureau) dans lesquels elle construit son nid. Deux figuiers au sud du rocher sont également bien occupés en période de nidification.
L’aigrette garzette est reconnaissable à son allure élancée, son bec noir, ses pieds jaunes, ainsi que son aigrette de plumes derrière la tête en plumage nuptial .

…et la majestueuse Grande Aigrette
De la taille d’un héron cendré, elle arbore comme l’aigrette garzette un plumage blanc immaculé, mais s’en distingue, par sa taille et son bec jaune.
Son aire de répartition se développe progressivement ces dernières années depuis le delta du Danube vers l’ouest de l’Europe.
Si elle ne niche pas sur le rocher de Tombelaine, on peut cependant l’observer depuis quelques années, surtout en hiver dans les marais et prairies humides autour de la baie du mont saint Michel. Quelques couples nicheurs ont été observés en Normandie.
La Grande aigrette fait partie de ces oiseaux majestueux qui ne passent pas inaperçus.

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