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Publié le 22 août 2023, Actualité

L’élanion blanc : un nouvel habitant pour la baie

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Sans doute avez-vous déjà observé le faucon crécerelle en vol stationnaire au dessus des champs. A ce jour c’est le seul rapace commun en Normandie à pratiquer couramment cette technique de chasse. Toutefois, avec l’arrivée de l’élanion blanc (ou encore l’élanion Blac), il faudra y regarder à 2 fois lorsque vous verrez un rapace faire le Saint-Esprit, c’est ainsi que s’appelle cette technique de chasse.

Bien que ces deux oiseaux soient de la même taille, la couleur caractéristique de l’élanion (noir, gris et blanc) vous permettra de l’identifier très rapidement. Lorsque l’on a la chance de le voir de près, la couleur rouge vif de ses yeux est particulièrement étonnante.

élanion blanc

En provenance des savanes africaines

L’aire de répartition de l’élanion blanc est essentiellement tropicale (Asie et surtout Afrique), même si depuis quelques décennies, il s’installe en Europe du Sud Ouest et au Moyen-Orient (notamment Israël).

Dans les années 1960, l’espèce commence à s’installer en Espagne et au Portugal, elle arrive en France à partir de 1990, mais la dynamique est spectaculaire à partir du milieu des années 2000. En 2023, la population nicheuse française dépasse certainement les 500 couples.

Depuis quelques années l’espèce est observée dans la baie (domaine maritime et milieux littoraux) de temps à autre en dehors de la période de reproduction.

Et en ce mois d’août 2023, Sébastien Provost, (guide ornithologue pour Birding Mont-Saint-Michel) a observé un couple accompagné de leurs jeunes sur la commune de Genêts (localisation visible sur la carte ci-dessus). C’est la première fois que l’espèce niche dans la baie.

Une espèce prolifique auxiliaire de l’agriculture

Chez nous, l’élanion fréquente les milieux qui lui rappellent les savanes dont il est originaire. Ainsi vous pourrez l’observer dans la campagne pour peu que les arbres et les haies soient dispersés. C’est dans les prairies et les cultures, qu’il va trouver sa nourriture.

Le régime alimentaire de l’élanion est essentiellement constitué de petits mammifères mais aussi parfois d’oiseaux ou autres petits animaux qu’il va capturer au sol. Le campagnol des champs (Microtus arvalis) considéré comme nuisible à l’agriculture, est de loin la proie la plus fréquente, jusqu’à 75 % de captures. Viennent ensuite le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) et la musaraigne musette (crocidura russula).

L’élanion adapte sa reproduction à la quantité de nourriture disponible. Lorsque la nourriture est abondante, il peut se reproduire jusqu’à 4 fois dans l’année. La première ponte est déposée en février ou mars, les plus tardives le sont en octobre voir même en novembre. A l’inverse lorsque la nourriture vient à manquer, il peut très bien ne pas se reproduire.

La ponte est constituée de 3 à 4 œufs qui seront couvés pendant 26 jours environ. Les jeunes sont indépendants alors qu’ils sont âgés de 30 à 35 jours. A l’âge de 6 mois, ils acquièrent leur maturité sexuelle et peuvent donc commencer à se reproduire.

Un signe du réchauffement climatique ?

Faut-il voir dans l’installation de l’élanion blanc dans le nord-ouest de la France un signe du réchauffement climatique ? La réponse à cette question est loin d’être aussi simple.

Il est vrai que la hausse des températures bénéficie très certainement à l’espèce. Toutefois l’expansion des l’espèce remonte aux années soixante. L’impact de l’homme sur le climat à cette époque était encore faible. Si l’évolution du climat a certainement un impact aujourd’hui, ce n’est sans doute pas la seule explication.

Ce rapace profite également de l’agriculture moderne, la destruction de notre bocage par abattage des haies tend à ouvrir le paysage (paysage de moins en moins boisé) qui convient mieux à cette espèce de savane. De plus, les pullulations de campagnols profitent à l’élanion qui sait parfaitement adapter sa reproduction à la quantité de proies disponible.


L’implantation de cet oiseaux dans la baie n’en est probablement qu’à ses début. Les différents milieux qui constituent le littoral de la baie ainsi que le climat tempéré semblent plutôt favorables à son développement. Soyez attentifs et vous le verrez sans doute prochainement faire le vol du Saint-Esprit en quête de campagnols à se mettre « sous la dent ».

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