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Publié le 16 mai 2023, Actualité

L’arénicole, un ver de rouge pour la santé

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Avez-vous déjà observé à marée basse ces étranges spaghettis de sable vaseux sur la plage ?
En y regardant de plus près, on peut souvent apercevoir à quelques cm de distance un entonnoir.
Entre les deux, enfoui sous le sable, habite un ver de sable marin, l’arénicole.

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Son petit nom latin n’est pas très original mais facile à retenir : Arenicola marina, que l’on peut traduire par « qui habite le sable marin ».

L’arénicole creuse un terrier en forme de U dans le sol. Comme les lombrics, elle ingère un mélange de sédiments et d’eau contenant micro-organismes, matière organique et sels minéraux dont elle se nourrit.

Nos spaghettis sont en réalité tout simplement les déjections de l’arénicole !

Le bec, la bêche et la pêche

Pas commode d’aller extraire l’arénicole de son terrier !

Pourtant certains oiseaux parviennent à relever le défi. Le courlis cendré par exemple est un champion en la matière. Son long bec effilé et recourbé lui permet de réussir cette prouesse.

Autre espèce, autre technique : en bord de mer les pêcheurs à la ligne utilisent le ver comme appât pour pêcher dorade, bar et autres poissons. Il leur faut pour cela fouiller le sol à l’aide de fourche bêche par exemple. Une arénicole est en effet capable de de s’enfoncer à 20 cm de profondeur, voire davantage pour les plus grosses.

Un ver de bon sang ?

On reconnait l’arénicole à sa partie médiane munie de branchies externes et à l’extrémité postérieure plus effilée que l’avant du corps renflé.La coloration du ver s’assombrit avec l’âge, tirant sur des teintes rouge bordeaux.

Le sang de l’arénicole riche en hémoglobine lui permet de stocker l’oxygène nécessaire à sa survie le temps de la marée basse.

Depuis plusieurs années des scientifiques se sont penchés sur cette fabuleuse adaptation.
A force de leur tirer les vers du nez, ils ont compris comment les arénicoles survivaient dans un milieu pauvre en oxygène disponible.

L’hémoglobine de l’arénicole est en effet capable de transporter 40 fois plus d’oxygène que l’hémoglobine humaine et de le restituer progressivement.

Autrement dit, le sang d’arénicole c’est pas du jus de betterave, au demeurant très bon pour les globules rouges !

Hemarina : Des vers pour des bras !

Les chercheurs se sont rendus compte que cette protéine de petite taille, libre dans le sang du ver et non dans des globules rouges était compatible avec le sang humain, et cela quel que soit le groupe sanguin de la personne.

Le laboratoire de biotechnologies Hemarina basé à Morlaix en Bretagne, pionnier en la matière, s’est penché sur la question. De découverte en découverte, ses chercheurs et techniciens ont développé plusieurs produits à base d’hémoglobine d’arénicole.

On l’utilise par exemple pour enrichir en oxygène le liquide conservant les organes en attente de greffe avec à la clé une meilleure oxygénation du greffon. Plusieurs greffes concluantes ont déjà eu lieu : rein, visage.

La greffe la plus spectaculaire a eu lieu tout récemment à l’automne 2021 en Inde : une greffe, rarissime, de deux bras !

D’autres applications médicales sont en cours d’étude et de développement.

Au début de l’année 2022 les autorités de santé ont autorisé le laboratoire Hemarina à reprendre ses essais thérapeutiques interrompus début 2020 dans le cadre du traitement de la COVID-19.


Alors quand vous viendrez traverser la baie ou lors d’une promenade sur la plage à marée basse, rappelez-vous que sous ces spaghettis de sable se cachent des amies pour la Vie.

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